Histoire
- Athéna, te rends tu compte de ce que tu fais ? Comprends-tu ce qu'il va se passer ?
- Je n'en ai que faire de toutes ces jérémiades ! Quand comprendrez-vous, vous tous, que vous êtes manipulateurs ? Les humains faibles ? Et que faites-vous des demi-dieux ?
Une dispute, comme à leur habitude. Zeus, son père ne comprenait rien à rien. A force de forniquer à droite et à gauche (avec des humaines qui plus est), ses progénitures demanderaient vengeance pour leurs mères. Comme si le fait d'avoir mangé la mère de sa propre fille ne lui avait pas suffit.
- Vous ne comprenez rien père. Si moi j'ai réussi à vous assommer après ma naissance, un demi-dieu peut en faire autant.
- Il suffit ! Athéna, j'en ai assez entendu pour aujourd'hui !
Ah oui ? Il le prenait comme ça ? Très bien. Athéna protégerait les humains de son père, et des autres Dieux s'il le fallait. Ou alors protégeait-elle les Dieux de l'Olympe ? Sur l'instant, cela lui importait peu. Elle n'y avait pas réfléchit. Athéna s'exila en Grèce, protégeant de son mieux ce peuple en quête d'évolution perpétuelle. De son savoir, elle enseigna les gens à devenir des artisans. Elle leur appris le commerce, et comment vivre de cela grâce à des objets ou bien à des vivres qu'ils avaient travaillé.
De sa force, elle terrassa quelques ennemis venus pour assouvir leur besoin de domination. De sa ruse, elle s'assura qu'aucun Dieu de viendrait la chercher, ni même approcher un humain qu'elle protégeait. Athéna connu pourtant la déception auprès des humains. Mais ce n'était rien à côté de la déception ressentie auprès des Dieux. Quelques uns de ces derniers étaient venus à sa rencontre, Héphaïstos notamment, son frère.
Héphaïstos lui avait fait quelques avances. Il souhaitait qu'elle devienne sa femme, il souhaitait l'avoir pour lui. Athéna le repoussa. Un homme aussi volage que son père ne pourra gagner son coeur. Il fut congédié de la même manière que les autres malheureux.
[ … ]
Les siècles passant, les humains évoluaient, et leur croyance pour les Dieux faiblissait. Athéna savait que ce jour devait arriver. Pour survivre, elle n'eut d'autre choix que d'investir un corps fait de chair et de sang. Ses pouvoirs faiblissaient, elle le savait et le sentait. Chaque jour elle devenait un peu plus humaine au milieu de tous ces gens. La peur l'envahit, la peur de mourir. Comment faisaient les humains avec cette peur quotidienne ? Comment faisaient-ils pour vivre comme si de rien n'était ? Puis elle comprit que si elle était devenue faible, les autres aussi l'étaient devenus.
Un jour, elle rencontra un homme, dans la rue, sans foyer. Il semblait vouloir de l'aide, et Athéna la lui apporta.
- Qui êtes-vous ?
- Athéna… Athénaïs, se reprit-elle.
- Athé… naïs, souffla-t-il.
L'homme semblait faible. L'homme semblait vouloir manger. L'homme était un mendiant. Elle lui apporta de quoi manger. Ayant repris quelques forces, il la remercia. Mais alors qu'elle allait repartir, un homme surgit de nulle part pour la voler. D'un geste rapide, elle invoqua une arme et tua son assaillant.
- Sorcière !! Sorcière !! Hurla le mendiant.
Les cris alertèrent certaines personnes et un attroupement se forma. La population s'était armée à l'entente du mot sorcière. Athénaïs ne comprenait pas ce qu'il se passait. Qu'était devenu le peuple aimant qu'elle avait aimé autrefois ? Cherchant à s'enfuir, Athénaïs reçu un coup dans la poitrine. Le souffle coupa, elle tomba au sol et porta ses mains sur sa poitrine. Elle était chaude et humide. Regardant de plus près ses mains, sa vision brouillée, elle aperçut une tâche rouge, une tâche de sang. De son sang.
Alors c'était ça mourir ? C'est froid, et Athénaïs se sentait seule. Elle était seule parce qu'elle n'avait pas réussi à se lier avec les humains. Elle était seule parce qu'elle ne voulait plus avoir à faire avec les Dieux. Athéna était devenue Athénaïs l'humaine…
[ … ]
- Félicitations, c'est une fille ! Comment souhaitez-vous l'appeler ?
- Apolline, oui, elle s'appellera Apolline.
Athénaïs regarda alors l'homme qu'elle aimait, Roman. Pour la première fois, la déesse avait ressenti quelque chose de fort pour un humain. Pour la première fois, elle s'était adonnée aux plaisirs charnels, et pour la première fois, elle avait oublié qui elle était.
Cette toute petite chose qu'elle tenait entre ses bras, cette minuscule petite crevette était née suite à l'union de l'Amour. Elle était magnifique, et son prénom, dérivé du prénom d'un de ses oncles, lui correspondait à merveille selon sa mère. Apolline était l'enfant de l'Amour sans aucun doute, et elle serait magnifique en grandissant.
Le couple filait le parfait amour. Apolline grandissait et Athénaïs veillait sur elle comme elle le devait. Malheureusement, tout à une fin. Roman remarqua que sa fille n'était pas normale pour une humaine. Elle était trop vive, trop belle, trop parfaite. Et puis, cet éclair au fond de ses yeux, ce n'était pas normal, vraiment pas.
- Athénaïs, nous devons parler, lui avait-il dit.
Le ton froid et stoïque de Roman ne rassura pas la Déesse, et elle comprit que c'était fini. Si seulement elle s'était rendue compte que les mains puissantes de Roman s'étaient saisies de son cou... L'air lui manquait peu à peu. Elle tenta de se débattre.
- P-Pourquoi ? peina-t-elle à articuler.
- Parce que tu n'es pas réelle, tu n'aurais jamais dû l'être ! Qu'as-tu fait à ma fille ? hurla Roman.
Athénaïs se sentait partir. Si elle avait été sous sa forme originelle, Roman n'aurait pu la toucher, Roman n'aurait pu lui faire de mal.
- Pardonne-moi Apolline, murmura-t-elle dans un dernier souffle avant de quitter son corps.
[ … ]
Tout était si précipité, tout était si imprévu. Ce corps allait lâcher, ce corps ne tiendrait jamais. Pourtant, elle devait la voir. Elle était passée de corps en corps pour la voir, elle, sa fille. Combien de temps s'était-il passé ? Elle l'ignorait. Athéna réussirait-elle à la reconnaître ?
Elle chercha alors une chevelure blonde, mais à Paris, n'était-ce pas comme rechercher une aiguille dans une botte de foin ? Oh que si. Et pourtant, Athéna ne l'expliquait pas, mais elle sentait qu'elle était sur la bonne voie.
- La voilà, souffla-t-elle.
Elle vit au loin, une enfant, presqu'une adolescente en réalité, rentrer dans une bibliothèque.
- Apolline ! tenta-t-elle.
L'enfant se retourna, et Athéna retint son souffle. C'était bien elle, et qu'est-ce qu'elle était belle. S'approchant d'elle, elle remarqua à quel point Apolline avait grandi.
- Qui êtes-vous ?
- Apolline, écoute moi bien. Je n'en ai pas pour long, je ne peux pas rester. Je suis malheureuse de te dire les choses ainsi, et je m'en veux tellement. Pour tout, je suis désolée pour tout.
- Mais vous êtes qui ?
- Apolline, je suis Athéna. Je suis ta mère.
- C'est impossible, mon père m'a dit que ma mère était morte !
- C'est vrai. J'aimerais t'expliquer les choses calmement, mais je ne peux pas. Le temps est compté.
Athéna attrapa les mains de son enfant et lui glissa alors une épée entre les mains.
- Prends cette épée, garde là précieusement. Elle te protégera, tout le temps. Je reviendrai, je te le promets.
Sur ces mots, Athéna s'en alla, le coeur brisé de laisser son enfant seule, encore une fois.
[ … ]
- Athénaïs, réveille-toi !
- Hm, grogna-t-elle.
- Tu vas encore être en retard !
- Merde !
D'un saut vif, elle sortit de son lit. Elle se vêtit d'une robe blanche et coiffa ses cheveux. En se regardant dans le miroir elle sourit. Ses cheveux avaient subi une folie : auparavant blonds, ils étaient aujourd'hui violets, et quelle couleur… Observant le ciel, un éclair scinda le ciel. L'orage… Des souvenirs lointains et devenus vagues refluèrent dans son esprit. Non. Tout ça c'était fini. Athénaïs n'avait plus rien à voir avec avant. Athénaïs était devenue une vraie humaine, avec des amis. Voilà ce qu'elle était. Prenant son sac et ses bouquins, la femme sortit en courant de sa chambre.
- J'y vais, maman !
Maman… C'était la première vie, la première vie où elle avait une mère. C'était tellement étrange de se l'entendre dire… Et pourtant les faits étaient là. Elle claqua la porte de chez elle et se précipita à l'école. Aujourd'hui, elle étudiait les hommes. Aujourd'hui, elle cherchait à comprendre leur monarchie. Enfin, monarchie, c'était fini tout ça. Ils appelaient ça : la politique. Aujourd'hui, elle pouvait enfin prendre le temps de trouver sa fille, pour tout lui raconter. Aujourd'hui, c'était une nouvelle vie, loin des Dieux.