Le soleil s'ancrait lentement dans les pupilles rétrécis d'Atoe. Accoudé au comptoir, il sirotait lentement son café, même s'il n'aimait pas ça. Il n'y avait pas un bruit venant et pouvant perturbe le silence qu'il avait instauré dans son petit atelier. Les meubles disposés de différentes manières se succédaient parmi les rayons lumineux. Les voitures, sur la voie piétonne, étaient interdites, même s'il en passait quelqu'une de temps à autre.

Un chat passant sur le rebord de la vitrine et lui sortant le cendrier placer sous le comptoir. Il allume sa première cigarette et la porte à ses lèvres. Un jeune homme venait de poser son doigt sur la sonnette, cette dernière émettant ce bruit stressant que l'on pouvait connaitre chez le tout premier téléphone des années 50/60. Il releva la tête, son attention se posa sur la silhouette de ce jeune homme poussant la porte de la boutique un sac à la main. Que pouvait-il bien apporter ?

Cet homme Atoe le connaissait plutôt bien depuis quelques mois à vrai dire, il venait souvent lui rendre visite pour s'assurer que tout allait bien comme un enfant que l'on garderait sous protection: cela lui rappelait son enfance, qu'il s’efforcerait encore une fois d'oublier. Il écrase sa cigarette, souffle un coup et affiche un sourire.

" Bonjour, qu'est-ce qui vous amène de si bon matin ? "

Son visage au teint blanc, ses long cheveux argenté et ses iris jaune, ne faisait que rendre son visage encore plus confiant que n'importe qui. Atoe le voyait comme le frère qu'il remplaçait ou bien comme le père qu'il n'avait jamais eu. Il lui apportait attention, confiance et affection, tous ce qu'Atoe n'avait jamais eu.

Dans la semaine Atoe avait mis la main sur trois objets semblant très anciens. Son pinceau au doux poil avait caressé les courbes de ces objets aux allures asiatique hier matin. L'un était en bois sec et avait commencé à s’abîmer, un coup de papier à poncer ne sera pas de refus. L'autre était en marbre, une petite statuette, c'était un marbre gris tirant notre regard à le voir verdâtre. Ce dernier fut alors nettoyant et luxé. Le petit dernier mesurait près de 25 cm de haut et 8 cm de largeur, il représentait un jeune Akita Inu grimpant un pante. Trois objets appartenant au XVI° siècle d'après notre antiquaire. Le jeune homme répondant au prénom de Yukio, était une vraie maman poule envers Atoe, mais il y avait de quoi faire...

-J'espère que tu penses bien à manger cinq fruits et légumes par jour! Regarde-moi comme tu es pâle! On croirait un fantôme! Est-ce que tu manges à ta faim au moins? Et ne me parlent pas de ces infâmes pizzas à mettre au micro-ondes ou ce genre de plat préparé: ça ne compte pas!

Atoe, les yeux larmoyant, par une sorte d'angoisse, triturait avec l'ongle de son index la peau se situant à côté du pouce: l'arrachant alors. Le faux éducateur lui avait ôté les mots de la bouche en ce qui concernait la nourriture sous vide ou à faire réchauffer aux micro-ondes. Cuisiner n'était pas son affaire, au contraire, se voir en train de faire mijoter des bons petits plans lui faisait une belle jambe ! L'air sévère du jeune homme s'était alors estompé surement qu'il avait deviné ses pensées et que lui faire la morale davantage comme à chaque fois n'étais plus nécessaire. Même s'il lui répétera à chaque fois qu'il le rencontrera.

- Tu sais que tu peux m'appeler quand tu veux, n'est-ce pas?

Atoe répondit par un hochement de tête en avant. Mais jamais il n'appelait quand son frigo était vide ou qu'il était atteint de restrictions budgétaires pour cause qu'il ne vendait jamais assez malgré les bas prix qu'il mettait sur certains objets valant le double. Non, jamais il ne lui demanderait de l'aider de se coter si. Le côté affectif et une autre histoire, bien plus profonde qu'il n'est paré. Atoe souvent en fin de semaine, ressentait ce vide anxiogène. Habituellement causé par cette rupture que donné le weekend, pour lui, être cadré par des règles et principes bâtissait toute sa vie: s'il l'une de ses règles étaient déréglées ses neurones se déconnecteront pour laisser place à une dépression.

-Tu veux boire quelque chose...? dit-il en lui tendant un verre.

- Je veux bien du thé, s'il te plait

Aussitôt dit, aussitôt fait. Obéissant à Yukio, comme à un père, il empoigna la théière situer sous le comptoirs et installa une tasse en terre cuite verte sur ce dernier.

- Dans le fond du sac, tu trouveras un bentô préparé par mes soins. Tu me diras ce que tu en penses.

Il prit dans un élan de bonheur le sac en plastique et monta rapidement les petits escaliers pour déposer son sac de fournitures. Le thé situé dans ce dernier, il le déposa à côté de sa gazinière pour la prochaine fois qu’il viendrait le voir, c’est ce qu’il prenait à son habitude. Un petit sachet de thé vert de la fois dernière, puis de l’eau dans une petit casserole sur le gaz.

- Tiens, je ne vois plus ce joli temple japonais miniature! Tu as réussi à le vendre alors? Je me demande si son acquéreur l'utilise parfois pour prier les divinités japonaises. Tu crois que c'est possible? J'aimerais bien savoir que je ne suis pas le seul à continuer à croire à toutes ces créatures de légendes... Soupira-t-il.

-Non je n’ai pas réussi , cria t-il de l’étage. Je l’ais laissé sur mon étagère en haut. Je ne voudrais pas le voir pourrir, c’est humide en bas.

L’eau crépitait, Atoe retira la casserole, en oubliant d’éteindre le gaz, il déversa l’eau brulante dans la théière et redescendit en furie.

-Voilà !

Il déversa l’eau dans la tasse tout en tremblant d’excitation.Le jeune homme attendant chaque semaines, des fois chaque mois pour que ce dernier vienne le voir. A part les rares clients qui entraient, Yukio était sa seul compagnie pouvant lui faire ressentir le bonheur d’être avec quelqu’un. Il plongea, alors le petit sachet dans la tasse.

-J’ai oublier une cuillère…, dit-il comme un enfant ayant fait une bêtise. Je vais en chercher une !

Un pas, deux pas et chacun résonnait de façon à en donner le tournis. Le gaz de la gazinière brulait toujours sans grand risque à part un peu plus d'argent sur les impôts. Rien de bien grave finalement. Cuillère en main il reprit sa démarche en diagonale dans son étroit escalier, raide comme la mort. « Voici » avait-il déclaré d'un ton jovial. L'homme se reflétait sur le dos de cette dernière, entièrement constituée d'un inox abimé par le temps. Que pouvait-il arriver de plus s'il était assez heureux comme cela ? Un « ami » venait prendre de ses nouvelles, un toi et une assiette en carton. A chacun sa façon de vivre dans un certain luxe, non ?

« Ne crois-tu pas qu'un jour ce monde emplit de déchets appelés Humains se fera nettoyer.. ? »

Des phrases telles, il avait l'habitude de les déclarer de but en blanc. Son regard ambré dirigé vers la fenêtre, ils étaient vidés de tout ressentit. Ou peut-être que non, qui sait ? Il s'était, dès lors, avancé vers la vitre froide où le gel était resté. -Et si demain on m'empêchait de m'éveiller-

«Dis-moi Yukio... ne crois-tu pas que nous sommes... je veux dire qu'il y aurait une possibilité que notre subconscient soit régit par des forces supérieurs.. ? »

Encore quelque d'inutile dans la bouche d'un incapable. L'angoisse lui prenait les mains, la peur lui frappait la tête, atroce. Peu à peu son corps fût pris d'un étrange tremblement. C'était anodin presque impensable, était des sentiments ? Non surement pas. Les rejetaient-ils? Qui-sais. Peut-être se protégeait-il !

« Quand je les vois tous souriant, l’envie me prend, même en ce moment, glisser mes mains dans leurs petites nuques fragile comme le coup d’un pigeon et serrant… fort le plus fort possible … ! »

La pupille gonflante, les artères se dilataient, le cœur s'oppressait et les neurones se figeaient. Atoe ne vit que dans le présent. -Je ne veux tuer personne, je n'ai tué personne-

Il fallait qu'il s’abstrait de toutes les représentations sociales que les autres avaient. Il s’agissait donc pour cela d’écarter les craintes des autres de tomber sur un individu comme lui.

Entre les souvenirs d’enfances, les anecdotes d'un faux travail, les faits divers, les relations humaines compliquées et l’histoire de l’étude médicale de ses troubles psychologiques, il se perdait

- Je ne sais pas si le subconscient est régit par une force supérieur. Mais ce dont je suis sûr, c'est que les humains ne sont pas des déchets. Juste des êtres semblable à des oiseaux perdus... Il faut être indulgent avec eux. Ils sont si fragile... Toi aussi, tu es tellement fragile, j'ai si peur de te voir briser... Mais je suis là et je ferais de mon mieux pour empêcher que cela n'arrive. N'oublie pas Atoe: tu n'es pas seul. Je suis là.  

Des bras l'enlaçant... que cela peut être agréable, la chaleur d'un corps... Qu'importent les mots qu'il prononcera, ce qu'il lui racontera pour le présent, que ce soit des êtres en quête d'aide ou autres... Mais il semble persuadé que c'est lui qui en a le plus besoin, d'aide... Il le ressent, dans ses bras... dans ses murmures inaudibles. Il désire quelque chose, non, il espère... Mais Atoe ne serait pas quoi. S'emmitouflant dans les plies de son kimono, le blondinet avait clos ses paupières. Si c'était une tempête qui se déroulait en lui, il serait dans le même état. Encore la redécouverte d'une autre sensation, délicate, douce, comme la main d'une mère sur le front chaud de son enfant, les bras de Yukio provoquaient en lui cet effet de brusque bien être. Une jeune personne dont il avait oublié le nom lui disait autrefois qu'une mère était Dieu dans les yeux de son enfant... Ce ne fut qu'à ce genre d'instant qu'Atoe réalisé la réalité de ses mots.

Lentement, ses mains se raccrochaient aux avant-bras de ce dernier. Et encore de multiples questions venues s'entrechoquer dans sa tête.

-J'aimerais croire en des forces supérieures... Comme si notre destin serait plus ou moins amélioré par des sortes de divinité, mais ça n'appartient qu'aux contes et histoire fictive... dit-il en soupirant.

Toujours aussi plus insouciant que les jours précédents, il avait peut-être tort de se plonger dans ce genre de rhétorique. À quoi bon ? Il n'en pensait pas un mot. Des êtres divins ? Pour lui, comme pour tout le monde, les dieux ne sont pas réels et tout ce qui touche au surnaturel n'existe que dans les livres. Et comme toujours et comme tout le monde, il ne croit que ce qu'il peut voir. Relevant doucement le visage vers le plafond, il souriait doucement, d'un faible sourire, comme s'il était gêné que quelqu'un d'aussi peut proche le sert dans ses bras avec une telle volonté.

-Que veux-tu dire ... lorsque tu me dis que tu es là... dans quelques minutes tu ne seras plus là et je serai seul avec des êtres éphémères: les mouches.

Il avait seulement dit ça pour meubler la conversation, car, oui,Atoe avait peur du silence. Quand on ne parle pas, on pense et penser, il déteste ça. Sans calculer la moindre chose, il les devinait, ses évidences, ses mensonges dans lesquels il voulait trouver réconfort et sécurité. Son sourire était devenu plus large, le regarde plus tendre. Peut-être voulait-il atténuer la tristesse de ses paroles, une tristesse qui s'accordait bien au comptoir désert où l'éclairage laissait des zones de pénombre, malgré le lever brumeux du soleil. Dans une certaine nonchalance et dans un dernier soupire, il se redressa et défaisant ainsi de l'étreinte de son amie. Dans une immense douceur il agrippa aux vêtements du jeune homme, pour finir par glisser ses bras autour de ton torse. Serré n'aurait fait qu'augmenter le besoin de serrer encore plus, mais Atoe le faisait tout de même.

-Je veux juste... y croire...

- Je ne peux pas te forcer à y croire ni même te prouver quoi que ce soit. Il ne tient qu'à toi d'y croire.

A ces mots le jeune homme serra un peu plus forme le Kitsune contre lui.

- Le gaz! Ca sent le gaz! Atoe, tu as bien éteint ta cuisinière quand tu m'as préparé le thé?

Atoe bondit sur lui même et couru comme foreste dans ses escaliers, où d'ailleurs il tomba dans son exaltation. Après quelque gémissements il se redressa et monta avec peine les escaliers pentue. Effectivement le gaz était resté allumé... Après avoir poussé un juron il poussa le bouton pour éteindre la sortie de gaz. Il aurait suffit d'une étincelle, à peine, que l'appartement aurait sauté en milles morceaux.

-Encore une fois je vais lui être redevable d'avoir aider ma tête de linotte... soupira-t-il.

Une marche après l'autre, Atoe descendait lentement les marches en bois grinçantes du vieux bâtiment. Ouvrant la petite portière menant au comptoir, il s’adossa contre le mur face à Yukio.

- Tu sais des fois j'aimerais rembobiné ma vie, souriait-il.

Le sujet de la croyance en des êtres supérieurs s'était dissolu dans l'air avec son oublie de gaz. Parfois le jeune home perdait pour quelque instant la mémoire sur ces choses aussi bête qu'oublier d'éteindre la lumière ou de fermer les fenêtres lors de grosses pluies. Ces petites choses lui valait  bien des moqueries d'enfants lorsqu'il oubliait un détail et qu'il était en ville. Et par conséquent il désirait plus que tous arrêter le temps. Au bout de ce monde il rêvait plus que jamais qu'un calme immortel l'inonde, comme lorsque le Kitsune le prenait dans ces bras. Parfois le blondinet pensait dans son imagination que l'homme à la chevelure argenté possédait des pouvoirs incommensurables. Pour l’apaiser autant, il voudrait s'en persuader.

-Dis... si demain, ou lorsque je t’appellerais, tu ne reviennes plus, que devrais-je faire..?